C'est à un compatriote du Marquis de Montcalm, Gaston Bouzanquet, que Vestric Candiac doit le monument qui se dresse devant le château de Vestric.
Gaston Bouzanquet, né à Vauvert le 24 avril 1866, appartenait à une vieille famille protestante de propriétaires viticulteurs. Ulysse, son père avait été maire de Vauvert de 1888 à 1892. Lui-même, après avoir passé son baccalauréat, puis une licence et un doctorat en droit à Paris, revient dans son pays natal et est élu conseiller municipal en 1904. Il fait partie de la Commission des marais et des finances et de celle des fêtes et de la bibliothèque, tout en cultivant les vignes familiales : en 1903, son père qui possède trois domaines à Vauvert et à Vestric, a acheté au baron de Bernis, propriétaire du château de Candiac depuis 1858, 47 hectares 59 arrhes 97 centiares, qu'il baptise du nom de Saint-Véran, en souvenir du Marquis de Montcalm.
Très attaché à Vauvert et à son histoire, Gaston Bouzanquet déplore l'oubli dans lequel est tombé Montcalm et reprenant à son compte un projet datant de 1886, qui était resté lettre morte, décide de lui élever un monument. C'est avec son ami, le sculpteur Léopold Morice, dont il a fréquenté l'atelier à Paris, qu'il va réaliser ce projet.
Léopold Morice est né à Nîmes en 1846. Elève du sculpteur Bosc, lauréat des concours de Rome, il est surtout célèbre pour le grandiose monument de la place de la République à Paris, élevé entre 1880 et 1883. Originaire de la même région que lui, « il avait appris tout jeune à admirer cette belle figure de Montcalm ». Il va concevoir un groupe « d'une impressionnante beauté ». Il fait, d'abord, une première esquisse en plâtre où La Renommée quise penche au-dessus deMontcalm, frappé à mort, lui tend une palme, puis le bronze définitif « où la jeune femme aux ailes essorantes, élève de sa main gauche, au-dessus de sa tête, la couronne de lauriers que lui mérite son héroïsme ». Ce monument repose sur un piédestal en pierre blanche de Caen, œuvre de Paul Chabert, architecte né à Montpellier en 1874.
Mais, à la faveur du traité de commerce franco-canadien qui vient d'être signé, l'idée d'édifier le même monument à Québec, s'impose rapidement et le 16 décembre 1907, un double comité, à Québec et à Vauvert, dont Gaston Bouzanquet est le Secrétaire Général et le trésorier, est constitué.
A partir de ce moment , Gaston Bouzanquet, soutenu par un autre gardois, avocat et protestant comme lui, Gaston Doumergue, futur Président de la République, va mobiliser pour son projet les plus hautes autorités de l'Etat, et suscite, en France et au Québec, un vaste mouvement relayé, pendant trois ans, par la Presse nationale et internationale. Surmontant les obstacles nés d'un contexte politique local difficile, il arrive à ses fins : le 17 juillet 1910, à 10 heures du matin, le monument au Marquis de Montcalm est dévoilé en présence de M. Gaston Doumergue, sénateur du Gard et Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts, de MM. Bourguet, député, Lallemand, Préfet, de toutes les personnalités civiles et militaires du département, et d'une imposante délégation canadienne. Après que M. de Balincourt, de l'Académie de Nîmes, vice-président du Comité de l'Œuvre du Monument à Montcalm, ait remis le monument à M. Bonifassy, maire de Vestric Candiac, les nombreux discours qui suivent devaient rendre hommage au « glorieux vaincu » des Plaines d'Abraham, mais aussi, insister sur le rôle éminent joué par un de ses compatriote, Gaston Bouzanquet, promoteur de l'œuvre.
L'année suivante, le double du monument était dévoilé à Québec, cérémonie donnant lieu à des fêtes au cours desquelles Gaston Bouzanquet était honoré par les plus hautes autorités de la Nouvelle-France.
Michèle PALLIER
de l'Académie de Nîmes